SUCCESSION 2019 serie TV creee par Jesse Armstrong saison 2 Sarah Snook Matthew Macfadyen Alan Ruck Brian Cox Nicholas Braun Kieran Culkin Jeremy Strong. COLLECTION CHRISTOPHEL © © HBO – Gary Sanchez Productions

SUCCESSION : qui se cache derrière la fratrie Roy ?

Ils sont le sang frais mais délicieusement vicié de la famille Roy. Kendall, Siobhan, Roman et les autres… Une fratrie incarnée par une bande de comédiens longtemps mal servis par les directeurs de casting et qui ont trouvé là le rôle de la consécration. En bonus de notre dossier de couverture dans So Film #88, on vous refait un petit tour de table…

Jeremy Strong (Kendall)

« L to the OG, Dude be the OG… Play like a pro…» Rappeur un peu gênant dans la série, Strong est une véritable tronche dans la vraie vie. Diplômé de la prestigieuse Université de Yale, il décide de poursuivre une carrière d’acteur après avoir joué dans plusieurs pièces pendant son cursus universitaire. Passionné de cinéma depuis toujours, il assure que son tout premier choc, pendant l’enfance, reste Un après-midi de chien de Sidney Lumet. À 30 ans, il fait ses débuts à Broadway avant de se faire repérer par Danny Jacob et Darren Grodsky qui lui offrent sa première apparition au cinéma dans Humboldt County, un rôle dramatique sur mesure pour cet éternel Droopy au regard triste mais intense. Le genre de type qui cite T.S. Eliot et Tchekhov à tour de bras et qui aime contempler des images de crashs d’avion pour se mettre dans le bon mood avant une scène. On l’a donc croisé dans Zero Dark Thirty, The Big Short ou plus récemment en hippie hirsute dans Les Sept de Chicago d’Aaron Sorkin ; mais le jackpot, c’est bel et bien son interprétation de celui qui doit tuer le père, l’ambitieux Kendall Roy, qui lui a valu un Emmy Award en 2020. Un rôle à propos duquel il déclarait récemment au Guardian : « Sa rage, sa souffrance, sa honte… tout ça vient de moi. »Fun fact : sur le plateau de Succession, on le surnomme « le concierge » en raison de sa connaissance encyclopédique de tous les meilleurs restaurants et hôtels du monde… Sinon, le reste du temps, il semblerait qu’il vive avec sa famille à Copenhague, loin du cirque hollywoodien.

Sarah Snook (Siobhan)

Après les Nicole Kidman, Cate Blanchett et autre Margot Robbie, Sarah Snook est la dernière comédienne australienne en date d’une longue lignée à prospérer loin de son île natale. Il faut dire qu’elle débite des insultes britanniques avec l’accent américain et un naturel à toute épreuve. Dès l’enfance, la petite Sarah s’amuse à monter des pièces avec ses deux sœurs, à la maison. Sortie du lycée, elle reçoit une bourse d’études pour entrer à l’Institut national des arts dramatiques d’Australie. Son caractère affirmé, son regard d’acier et ses cheveux roux ont fait d’elle une véritable star au pays, où elle a remporté divers prix pour ses rôles au cinéma et à la télévision. Promise à une belle carrière hollywoodienne, elle a failli incarner Lisbeth Salander dans le Millénium de David Fincher. Son talent est enfin reconnu à l’international quand elle est castée dans le rôle de Siobhan Roy, la « Pinky » de la famille et seul personnage féminin à se battre sérieusement pour le trône. Amoureuse de la nature, si elle n’avait pas été actrice, elle se serait bien vue guide touristique dans le désert australien. Ce n’est pas encore pour tout de suite.

Kieran Culkin (Roman)

Qui d’autre que lui pourrait lâcher très sérieusement au téléphone : « Ne me menace pas ! Je n’ai pas le temps de me branler… » ? Kieran Culkin, c’est l’angelot noir et tordu de la famille. Avec une méthode simple pour le rôle de Roman : ne rien savoir de plus que son personnage afin de pouvoir y aller à l’instinct. Naturellement speed et doté d’un sens de la répartie grinçante typiquement new-yorkais, le roquet n’a pas trop à forcer son naturel pour épater la galerie et mettre tout le monde mal à l’aise. Avant Succession, Kieran Culkin était cet acteur qui nous dit quelque chose, mais qu’on n’arrive jamais à remettre tant il a cumulé les seconds rôles, notamment dans Scott Pilgrim. Accessoirement, c’est aussi le frère de Macaulay Culkin, avec qui la ressemblance est frappante et dont il interprète le cousin binoclard dans Maman, j’ai raté l’avion. Longtemps dans l’ombre du jeune prodige, au sein d’une fratrie de six, il ne s’en est jamais plaint : « J’ai eu une vie bien plus tranquille que Macaulay. Il avait beaucoup de pression à la maison et sur les plateaux. Comme je ne ramenais pas beaucoup d’argent, mon père ne me scrutait pas autant. » Se méfiant du star-système – et on comprend pourquoi –, il demande systématiquement à son agent avant d’accepter un rôle, avec l’air sarcastique qu’on lui connaît : « Ça ne me rendra pas célèbre, hein ? » C’est raté pour cette fois, même si cela présente quelques avantages : après avoir passé son confinement à Manhattan dans un deux pièces où il avait emménagé à 19 ans, il a pu installer sa famille dans une vraie maison, dont il est propriétaire. « Je gagne enfin de l’argent pour la première fois au bout de 30 ans de carrière ! », a-t-il déclaré au New York Magazine.

Alan Ruck (Connor)

Lui aussi a été la belle gueule dans l’ombre d’une star juvénile. On se souvient forcément du jeune Alan Ruck dans La Folle Journée de Ferris Bueller de John Hughes : le grand échalas, alors âgé de 29 ans, y joue avec flegme un ado mal dégrossi. Traînant son air ahuri, engoncé dans un maillot de hockey sur glace des Red Wings de Detroit, il fait les 400 coups avec Matthew Broderick, pour ce qui reste encore aujourd’hui le rôle de sa vie – en dépit d’apparitions dans quelques blockbusters qui ont fait la gloire des vidéoclubs, tels que Bad Boys, Speed ou Twister. Assigné plus tard à des rôles de figures d’autorité au cinéma, il enchaîne également les apparitions dans toutes les séries TV possibles et imaginables. À la limite de l’alcoolisme, il finit par arrêter la bouteille et rebondit illico dans Spin City. Passé maître dans l’art de l’autodépréciation, il se définit comme « le mec blanc pas spécialement intimidant, que ce soit intellectuellement ou physiquement ». Dans Succession, aujourd’hui âgé de 65 ans, il redouble de cuistrerie dans le costume du fils aîné de Logan Roy, Connor. Barbe poivre et sel, cheveux bien peignés, il incarne à la perfection celui qui préfère vivre dans un ranch loin du board familial. D’abord loin des magouilles, il revient par la porte de derrière, allant jusqu’à aspirer très sérieusement à la présidence des États-Unis. Un peu comme dans la vraie vie ? On a en effet pu voir Alan Ruck conduire un des vans de presse lors d’un déplacement de Joe Biden en Californie…

Matthew Macfadyen (Tom)

Peut-on faire plus britannique que Matthew Macfadyen ? Diplômé et membre associé de la Royal Academy of Dramatic Art de Londres, mère comédienne et père industriel dans le pétrole, le comédien enchaîne les premiers rôles avec la troupe légendaire Cheek by Jowl avant de percer à la télé dans une adaptation des Hauts de Hurlevent en 1998. Au cinéma, on se souvient de lui et de son regard de chien battu comme l’un des plus célèbres des Mr. Darcy – après Colin Firth – dans le Orgueil et Préjugés de Joe Wright. Un personnage à des années-lumière du gendre grande gueule de Logan Roy, Tom Wamsgan. Avec l’inénarrable Cousin Greg, il forme le meilleur tandem comique de la série. Bien servi par les dialoguistes, Tom explique un jour à Greg, au restaurant : « Voilà le truc quand tu es riche, c’est foutrement génial. C’est comme si t’étais un super-héros, mais en mieux. Tu peux faire ce que tu veux, les autorités ne peuvent pas t’atteindre et tu portes un costume, sauf qu’il est taillé par Armani et que t’as pas l’air d’un connard dedans.»

Nicholas Braun (Greg)

Dans la fratrie Roy, les hommes sont tous assez grands, mais personne n’arrive à l’épaule de Nicholas Braun, 2,01 mètres au compteur. Une sorte d’Averell Dalton en costume, capable de se montrer stupide et brillant, arrogant et mal dans sa peau dans une même scène, parfois dans la même ligne de dialogue. Ce New-Yorkais born and raised un peu ramollo s’est lancé très jeune dans des séries Disney Channel pour ados, avant de tenter de tirer son épingle du jeu dans des romances indé et des teen movies oubliables et d’ailleurs oubliés… Qui aurait cru que le prestigieux GQ Magazine lui consacrerait une couv’ pastel en le présentant comme le personnage de télé préféré du moment ? Comme Alan Ruck et Kieran Culkin en leur temps, il a vu des partenaires de jeu, telle que Selena Gomez par exemple, prendre toute la lumière très jeune. De quoi lui faire garder raison quand on l’alpague dans les rues en hurlant : « COUSIN GREG ! » Mais qu’est-ce qui plaît tant chez Nicholas Braun ? Réponse d’Adam McKay, producteur exécutif de la série : « Il est très intelligent, il est très beau, il est talentueux et pourtant il est aussi incroyablement vulnérable. Et c’est un mélange rare de nos jours... »