THE SWEET EAST de Sean Price Williams

À la Quinzaine, l’Américain Sean Price Williams embarque une jeune étudiante dans une virée surréaliste et farcesque qui brocarde l’Amérique contemporaine. Un coup d’essai mordant mais un peu vain. 

Un premier film réalisé par le chef opérateur des frères Safdie et d’Alex Ross Perry ? Il n’en fallait pas plus pour aiguiser l’attention des festivaliers friands de mumblecoreThe Sweet East se présente comme une sorte d’Alice au pays des merveilles moderne et trash ; et démarre sur les chapeaux de roue. Williams séduit immédiatement avec sa photo granuleuse si reconnaissable, sa caméra agitée et sa bande-son tout en dissonances. On colle aux basques d’une étudiante en voyage scolaire à Washington qui lâche ses camarades et file avec une bande de jeunes activistes punks. Que cherche-t-elle ou que fuit-elle ? Qu’importe, elle a environ 20 ans, l’âge de vivre sa vie. Elle croisera sur sa route des néo-nazis, des islamistes fans d’électro à la campagne, un cinéaste new-yorkais hipster et sa productrice… Tout le monde en prend gentiment pour son grade dans cette aventure picaresque, à la fois joyeusement onirique et généreusement bouffonne.

En son centre, Price Williams brode une petite histoire à la Lolita entre son héroïne et un universitaire bienveillant (toujours excellent Simon Rex), vieux garçon passionné de papillons qui se trouve être également animé par des convictions fascistes… C’est presque un moyen-métrage dans le film et c’est peu dire que la romance – platonique – a de quoi désarçonner. Un peu poète, un peu actrice et mythomane chevronnée, son Alice se balade de communauté en communauté en se gardant chaque fois de porter le moindre jugement sur leurs convictions ou sur leur mode de vie et on finit par se demander où Price Williams veut nous emmener avec cette fable moins mignonne qu’elle n’y paraît. Une chose est certaine : il brosse à gros traits le portrait d’une Amérique morcelée et sclérosée où chaque groupe vit en quasi-autarcie sans jamais se croiser, assis confortablement sur sa petite vision du monde étriquée. Un bonbon bien enrobé qui laisse un étrange arrière-goût d’amertume en bouche.