Les Professionnels de Don Sharp
Par Thomas Révay
En 1960, Don Sharp, cinéaste anglais important pour ses contributions au studio de la Hammer à qui l’on doit par exemple l’inquiétant Raspoutine, le moine fou (1966) sort, Les Professionnels (1960). Un film de casse court, nerveux, à l’os pour reprendre l’expression de Jean-Baptiste Thoret. En effet, Les Professionnels dure à peine une heure et c’est là la qualité première du film. Ce minutage bref n’empêche pas une écriture fine laissant de la place à différentes intrigues crédibles qui apportent une dimension supplémentaire au film. En effet, les interactions entre les personnages ne se résument pas simplement à la préparation du casse, les arcs narratifs sont différents les uns des autres. Untel veut raccrocher après ce dernier braquage et organise son mariage. Un autre à peur de se faire flouer et souhaite avant tout défendre ses intérêts. Les professionnels s’appuie sur une galerie de personnages riches et tous caractérisés différemment, des policiers aux braqueurs, qui apportent au film une réelle épaisseur.
Bien sûr, le segment central de l’intrigue revient au casse dans une séquence qui dure une vingtaine de minutes, soit prêt d’un tiers du long-métrage. Le film de casse est un sous genre purement cinématographique, notamment par son absence ou sa quasi-absence de dialogue. Une particularité que l’on retrouve aussi dans le film d’évasion, autre sous genre cinématographique. En ce sens, Les Professionnels partage des similitudes avec des films comme Un Condamné à mort s’est échappé (1956), Le Trou (1960) ou bien sûr Le Cercle rouge (1970) dans son épure des gestes, son économie de la mise en scène et l’importance du son. Sans atteindre l’intensité de ces trois chefs d’oeuvre, Don Sharp semble à l’aise tant dans sa mise en scène que dans sa narration et signe un excellent long-métrage nerveux, vif et particulièrement sympathique.

Les Professionnels, disponible en DVD le 29 octobre