Kouté Vwa de Maxime Jean-Baptiste

Melrick a 13 ans. Il passe ses vacances d’été chez sa grand-mère Nicole à Cayenne, en Guyane et apprend à jouer du tambour. Mais sa présence fait soudain resurgir le spectre de son oncle, ancien tambouyé tué dans des conditions tragiques. Confronté au deuil qui hante toute la communauté, Melrick cherche sa propre voie vers le pardon. Par Sébastian Morin

Par Sébastian Morin.

Inspiré du meurtre tragique de Lucas Diomar, en 2012 à Cayenne, le premier-long métrage de Maxime Jean-Baptiste raconte le deuil, la violence, la musique, la jeunesse guyanaise et pose la question : « Comment peut-on pardonner ? » Le film s’ouvre sur des images d’archives lors d’un événement hommage à Lucas. Elles reviendront, tout comme la voix de Yannick, meilleur ami de Lucas, qui se confie sur son deuil tout du long. Si Melrick n’est pas confronté directement à la violence, tous les destins qu’il croisent en sont marqués. C’est par ailleurs à travers l’écoute et le questionnement que Maxime Jean-Baptiste brosse le portrait de cette génération. La volonté de ne pas stigmatiser la communauté, de montrer la Guyane comme rarement représentée transperce. Kouté Vwa se dresse comme une porte d’entrée à ce territoire et à une société complexe parmi d’autres.

À l’image de Yannick, qui porte les cicatrices des coups de couteau, les stigmates restent à l’esprit de tous les membres de la communauté. Si la réparation paraît impossible, le pardon semble, lui, atteignable. Entre les paroles de Nicole, le discours de Yannick et ses nouvelles rencontres, Melrick avance dans sa compréhension des choses, du monde. Il recherche ses racines, familiales et culturelles. Lui qui a grandi à Stains, en métropole, veut tout savoir de la Guyane. En plus de ce cheminement psychologique, l’adolescent de 13 ans profite de ses vacances pour apprendre le tambour. Le tambour qui offrait à son oncle, Lucas Diomar, sa place importante dans la communauté. DJ renommé et tambouïen au sein du groupe de carnaval Mayouri Tchô Nèg. En titre d’un court-métrage dévoilé en 2021 – qui mettait déjà en scène la jeunesse guyanaise, à travers le regard d’une locale intriguée par l’arrivée d’une base spatiale dans sa région – Maxime Jean-Baptiste réclamait : Écoutez le battement de nos images. On peut alors se demander ce qui fait battre les images de son premier long-métrage ? La musique entêtante du défunt, bien-sûr. Mais plus encore : les dialogues, de longues discussions comme autant de clés pour comprendre un territoire, trop peu souvent évoqué. 

Kouté Vwa de Maxime Jean-Baptiste, actuellement en salles.