ALEXIS MANENTI : « On s’est dit que ça serait marrant d’aller filmer un volcan »
2 ans après l’immense succès rencontré par Les Misérables, Prix du jury à Cannes, les comédiens Damien Bonnard et Alexis Manenti reviennent sur la Croisette pour présenter leur premier court-métrage en tant que réalisateurs, dans le cadre du Talents Adami Cinéma. Explosif et loufoque, Zanaar met en scène une équipe de scientifiques à la recherche des dernières traces d’activité volcanique à la Réunion. Rencontre avec Alexis Manenti, qui nous parle de cette expérience avec beaucoup de plaisir et de second degré.
Comment s’est passé ce premier passage derrière la caméra ?
Au début du tournage, j’avoue avoir été très jaloux de mes acteurs, j’avais du mal à supporter ma nouvelle position. Puis j’ai mis un chapeau, pris un mégaphone et j’ai commencé à jouer au réalisateur. J’ai maltraité mon acteur, été très doux avec mes actrices… le cinéma à l’ancienne quoi. Plus sérieusement, le tournage a été plutôt sympathique et joyeux puisque j’ai co-réalisé avec mon ami Damien Bonnard et le chef-opérateur Sean Price Williams, avec qui on avait déjà eu la chance de tourner et qui a bossé pour Ferrara ou les frères Safdie.
Pourquoi ça marche avec Damien Bonnard ?
On se connaît depuis pas mal de temps et on a les mêmes sensibilités artistiques. C’est facile à l’écriture, c’est facile lors du tournage où l’on faisait tout à deux, sans rôles vraiment définis. C’est au montage où l’on a pu avoir des désaccords. On avait parfois envie de raconter des choses différentes, sous des angles différents et il a fallu faire des concessions, ce qui n’est pas forcément évident quand deux comédiens narcissiques et égocentriques se rencontrent, mais je crois qu’on a réussi à faire un super court tous les deux.
Le fait d’être acteur fait-il de vous un meilleur directeur d’acteur ?
Je pense que ce n’est pas toujours vrai, certains acteurs qui s’essayent à la réalisation vont avoir tendance à mimer les scènes lors des répétitions avec l’équipe, ce qui peut vite être infernal. Mais en même temps, il y a une expérience qui peut évidemment aider, en tant qu’acteur, tu peux comprendre d’autres aspects de la direction et surtout les expliquer. On a essayé de leur faire comprendre qu’il fallait s’imposer en tant que comédien, qu’il fallait faire ce qu’on aime et pas se laisser diriger sans être force de proposition. On voulait que le tournage soit une fête, on était là pour s’amuser. Certains réalisateurs voient le moment du tournage comme une épreuve, nous on voulait que ça soit drôle et inventif, enfin, c’est surtout Damien qui est drôle et inventif parce que moi, je suis réservé et intransigeant, beaucoup plus spirituel.
En parlant de spiritualité, Zanaar signifie “Dieu” en malgache, la religion était déjà présente en creux dans Les Misérables, ça a été le point de départ de ce nouveau scénario ?
La spiritualité, c’est le côté volcan, mystique, avec ces lois de la nature que l’on ne maîtrise pas. Mais l’idée, à la base, est partie d’un thème libre autour de l’île de la Réunion proposé par l’Adami (société de services aux artistes-interprètes), qui finance le court-métrage. Ils fonctionnent comme ça, en changeant de région chaque année. Il y a plusieurs histoires, donc je laisse le spectateur se raconter sa propre histoire mais c’est inspiré d’un couple de volcanologues français, Maurice et Katia Krafft, qui ont parcouru des volcans aux quatre coins de la planète pendant toute leur vie. Leur truc, c’était de voir un maximum d’éruptions et ils ont fini par mourir dans l’une d’entre elles, au Japon. On s’est dit que ça serait marrant d’aller filmer un volcan. Comme ils ont déjà été utilisés dans des films d’aventure comme Jurassic Park ou même des vieux films italiens dans lesquels ils servent de paraboles érotiques, on s’est dit qu’on allait parodier tous ces films, en y ajoutant un côté bande dessinée, un côté Scooby-Doo.
Avant de partir, parlez-nous de votre acteur principal, Alexandre Alberts, que l’on a hâte de revoir au cinéma.
Comme le concept de l’Adami c’est de mettre en avant des jeunes comédiens et comédiennes, ils nous ont présenté près de 500 comédiens par vidéo et on devait en sélectionner 3. Il se trouve qu’Alexandre a juste envoyé une vidéo de lui en train de crier avec une tronçonneuse à la main et on s’est dit que c’était exactement ce qu’il nous fallait. Il n’avait jamais fait de cinéma mais il vient du théâtre de rue avec quelque chose de drôle et de très libre. Et puis il a un physique, il est habité, c’est une vraie gueule de cinéma.