L heure de la sortie 2019 Real Sebastien Marnier Luana Bajrami. Collection Christophel © Avenue B Productions / Canal+ / OCS

LUÀNA BAJRAMI : l’entretien d’embauche !

À tout juste 20 ans, son CV est déjà très impressionnant : on l’avait croisée comme comédienne dans L’Heure de la sortie, Les 2 Alfred, Ibrahim et Portrait de la jeune fille en feu. Luàna Bajrami a entre temps réalisé son premier long métrage, La Colline où rugissent les lionnes, tourné au Kosovo, qu’elle présente à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en ce moment. Elle a tout de même accepté de se prêter au jeu d’un petit entretien d’embauche.

Si j’appelais votre ex-boss, que dirait-il de vous ?
C’est drôle d’appeler un réalisateur un « boss »… J’espère que Bruno Podalydès dirait que j’étais un soleil ! C’était marrant parce que je sortais tout juste du tournage de mon premier film en tant que réalisatrice, La Colline où rugissent les lionnes, filmé au Kosovo, le pays où j’ai grandi : là-bas on criait tout le temps et c’était absolument pas reposant, or le plateau de Bruno pour Les 2 Alfred était extrêmement calme, familial, comme dans une bulle. Ca faisait vraiment sas de décompression.

Qu’avez-vous appris de vos expériences passées ?
Catherine Deneuve m’a donné plein de tips sur le tournage de Fête de famille. Dans le film de Cédric Kahn, il y a beaucoup de scènes de repas, on mangeait une tarte aux anchois : décongelée quatre fois c’est l’enfer, au bout de trois jours t’en peux plus, et Catherine si tu la regardes bien elle mange pas, elle prend des micro-miettes de pain, elle les mastique et ça fait illusion !

Combien de fois par jour vous connectez-vous à Facebook ?
Plutôt Instagram. Pour faire ma promo surtout mais je scrolle pas trop, ou alors les gens du métier comme Sébastien Marnier. (Elle parle fort.) Oui je stalke Sébastien Marnier ! (rires) Il faut le surveiller, il a une fast life, toujours plein de projets à la fois. Sinon Instagram m’a aidée à caster les actrices de mon film : au Kosovo, la carte de visite des jeunes, c’est pas les agences, c’est les réseaux. Ce qui me tue c’est les notifications du téléphone, donc j’ai acheté un Nokia 3310 jaune, il est très cool mais quand tu reçois des messages de 400 lignes il bugue.

LA COLLINE OÙ RUGISSENT LES LIONNES

Quelle est votre plus grande qualité et votre pire faiblesse ?
J’ai été diagnostiquée précoce au cours de ma scolarité. Pour L’Heure de la sortie, Sébastien Marnier était tout embêté, par rapport au bac que je devais passer. Je lui ai dit « j’ai des facilités », comme ça calmement (rires). Ça correspondait tellement à mon personnage d’Apolline, la peste surdouée…J’ai eu mon bac à 17 ans, sans beaucoup travailler. Ça m’a parfois causé des soucis à l’école, je ne me sentais pas toujours en phase avec ma génération. Mais dans le cinéma c’est différent, j’échange avec des personnes plus expérimentées que moi. Les faiblesses, il ne faut pas les révéler.

Quel est votre niveau d’anglais ?
Très bon. Sur mon tournage il fallait parler anglais, t’avais des Français et des Albanais. Au Kosovo, ils mélangent beaucoup avec l’anglais. Le premier jour, c’était difficile, deuxième jour aussi, troisième jour tu te surprends à engueuler les gens en anglais, et puis tu te trouves stylée tu vois ? (rires) L’ingé son s’énervait à cause des interférences : « C’est qui le téléphone ? » Vu que là-bas, tout le monde à de vieux cellulaires, tout le monde était soupçonné. Moi aussi ça m’agaçait. À un moment j’ai dit : « La prochaine fois que ça fait le bruit je pète un câble. » Et là ça le refait. Je pète un câble, en anglais. Un speech de cinq minutes ! Une heure après je me rends compte que c’était MON téléphone dans MA banane avec quinze appels manqués… Je ne l’ai dit à personne.