CLOSE de Lukas Dhont
Quatre ans après avoir planté un couteau dans le coeur des festivaliers cannois avec Girl, Lukas Dhont braque sa caméra d’or sur une histoire de jeunesse, intime et sensible, entre deux gamins à vélo unis à la vie à la mort par une amitié fusionnelle. Close et sa standing ovation larmoyante n’ont pas réussi à nous duper. Explications.
A peine vient-il de passer le cap de la trentaine que Lukas Dhont se paie les honneurs de la compétition officielle avec Close, énième récit d’enfance d’une édition décidément placée sous le signe de la jeunesse, toutes sélections confondues (Armageddon Time, Les Pires, Dalva, etc.) L’oeil sémillant, le cinéaste belge trimballe sa caméra dans des champs de fleurs où s’ébrouent Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav de Waele). Lumière iridescente, couleurs saturées et BO mélo à souhait servent d’écrin à ce chromo solaire et limpide comme de l’eau de roche. Dhont reprend ici la place de Xavier Dolan laissée vacante avec une variation sur des amours imaginaires masculines. Dans la cour de récréation, cette camaraderie trop tendre, virilité oblige, nourrit les soupçons d’homosexualité, une tare indélébile sur un terrain de jeu aux lignes de démarcation bien dessinées. Ces regards accusateurs, Léo croit pouvoir les évincer en enfilant la panoplie du joueur de hockey sur glace, discipline du corps-à-corps tout aussi violente et sensuelle. Si loin, si proche (« Close »)…
« Je voulais faire un film qui soit un hommage à des amis que j’ai perdus par ma faute, car je prenais mes distances et j’avais l’impression de les trahir », explique Lukas Dhont, lui aussi gamin solitaire jamais à l’abri des regards. Contrairement à Léo, Rémi ne peut se résoudre à embrasser l’âge d’homme. Sa disparition brutale fait basculer le film dans une seconde partie plus laborieuse où Dhont se satisfait d’un dispositif de mise en scène tout aussi bien huilé : mutisme, longs regards lourds de sens et déambulations hagardes. Film lacrymal à souhait, Close retient scène après scène les effusions de larmes jusque dans son dernier mouvement. Une économie audacieuse dont le réalisateur (ab)use malheureusement avec bien trop de complaisance, donnant l’impression de ne jouer qu’une seule et même note pour obtenir « l’accord parfait », un virus contagieux en compétition officielle cette année. Close épuise par sa grâce autant qu’il prend en otage à force de jouer sa petite musique familière en sourdine, gage d’une Palme d’or quasi assurée pour des festivaliers en bout de course, prompts à enfiler des chaussons bien confortables confectionnés sur mesure. Taille 75 ? Une pointure en rupture de stock !