UNE FILLE FACILE de Rebecca Zlotowski
– En salles : UNE FILLE FACILE –
Vous regrettez déjà vos vacances, le soleil, la mer ? Ne ratez pas l’occasion de visiter la Côte d’Azur en compagnie de Zahia Dehar dans le nouveau film de Rebecca Zlotowski, critique légère et solaire d’un monde très noir dont la lourde facade finit par s'effriter.
Le charme du film tient alors à son ambiguïté, à cette façon de dévoiler sans cesse l’artificialité de ces images envoûtantes. Sofia a des secrets de fabrication peu reluisants : manger avant de dîner pour mieux draguer, se faire des yeux de chat avec du scotch, et son apparente insouciance a son triste envers de solitude et d’humiliations. Philippe, malgré ses dehors élégants et sa bienveillance protectrice à la Jean Gabin (un beau rôle où Magimel excelle), mène la vie d’un larbin. Quant à Naïma, son personnage se rapproche de celui de Prudence dans Belle Épine, premier long métrage de Zlotowski,dont la quête d’interdit était une fuite de soi. Dans ce conte rohmérien, l’hésitation identitaire se substitue en effet à l’hésitation amoureuse. La jeune fille oscille entre deux modèles de vie, celui de Sofia, matérialiste et dépendant du désir masculin, et l’autre plus autonome, où la jeune fille commencerait à travailler en cuisine pour devenir cheffe. Seule la désillusion à l’égard de la vie de sa cousine rendra possible son choix. La convocation du mythe Bardot prend alors tout son sens : la resplendissante Sofia n’est finalement qu’un fantasme, aussi évanescent qu’un instantané Snapchat. Sous ses airs de marivaudage estival, Une fille facile est une formidable traversée platonicienne des apparences, où la vraie liberté naît d’un lent processus de démystification des images de la vie rêvée de la material girl. Juliette Goffart