GRAND PARIS de Martin Jauvat

Buddy movie signé par un tout jeune réalisateur-acteur, Grand Paris libère toute sa tchatche, ses couleurs fluos, ses délires envapés et son irrésistible bon esprit à l’ACID.

Décidément, cette année, le jeune cinéma français présent à Cannes (de Céline Devaux à Simon Rieth) fait preuve d’une sacré capacité à surprendre et à foncer bille en tête hors des sentiers battus. Avec Grand Paris, Martin Jauvat réinvente la comédie stoner à la française autour d’un tandem de jeunes glandeurs partis de Romainville pour arpenter la lointaine banlieue parisienne dans une quête qui les mènera jusqu’au pyramides du lac de Cergy-Pontoise. Le macguffin du film, c’est leur découverte d’un mystérieux artefact sur le chantier d’une ligne de métro. Pour trouver ce que c’est – et surtout savoir combien ça vaut – ils seront épaulés par deux personnages lunaires, incarnés par les toujours excellents William Lebghil et Sébastien Chassagne. Un choix de casting audacieux puisque les comédiens les plus identifiés se retrouvent ici cantonnés à de (formidables) seconds rôles, le premier en dealer-vendeur de poulets frits en camionnette, le second en contrôleur RATP conspirationniste à ses heures perdues. À eux quatre, ils posent très naturellement le ton à la fois poétique et doucement dinguo de ce premier long modeste dans son dispositif mais porteur d’un univers doux-amer, très coloré et parfaitement bien agencé.

Grand Paris offre un prétexte rigolo à ses deux compères pour leur permettre d’échapper à l’ennui qui les ronge et qu’ils se remettent à rêver d’un avenir possible, loin du quartier et surtout loin des clichés sur « la Banlieue ». Derrière le pitch décalé, il se dégage petit à petit (jusqu’à cet improbable final sur les falaises d’Etretat en guise de feu d’artifice), une mélancolie adolescente et un regard tendre sur une amitié moins virile qu’elle n’en a l’air. Si Benoît Forgeard avait fait un film sur PNL, le duo aurait sans doute ressemblé à ça.