Laurent Garnier : Off the record

En tournée des cinémas dans toute la France du 1er au 21 novembre, le documentaire « Laurent Garnier : Off the record » revient sur les trente ans de carrière du pape de la techno française. Un rendez-vous guindé où l’on croise la fine fleur de la house mondiale… et Jack Lang.

Laurent. Garnier. Voilà un patronyme qui ne laisse rien présager d’extravagant… Ce docu nous dit pourtant tout le contraire. Tout juste débauché par les fondateurs de l’Haçienda de Manchester à la fin des années 80, au moment même où l’ecstasy fait son arrivée dans ce club mythique de la culture rave européenne, l’ancien étudiant en école hôtelière et serveur à l’Ambassade de France à Londres – où il piquait des bouteilles de champagne pour aller se saouler dans les parties house underground de la capitale – est contraint de revenir en France pour y faire son service militaire. Qu’importe, le seconde classe profite de ses permissions pour ambiancer les premières soirées parisiennes du Palace et du Rex, dans un pays où les flics et les préfectures sont pourtant loin d’être fans de cette “musique de sauvage qui rend sourd leurs enfants”.

En ramenant en Europe les pionniers de la house Derrick May, Carl Cox ou encore Jeff Mills – tous présents au casting d’un documentaire qui compte aussi forcément Jack Lang –, en lançant des artistes tels que St Germain et un certain Quentin Dupieux alias Mr. Oizo sous le label F Communication et en pavant la route à la French Touch, “tonton Garnier” a largement participé à faire de la musique électronique la dernière révolution musicale du XXème siècle, qui a quelque peu perdu de son pouvoir de subversion depuis. Si Laurent Garnier n’a jamais vraiment été récupéré par la machine mainstream, qui lui préfère des dj décédés comme Avicii ou David Guetta, quelle immense tristesse de le voir dans la dernière partie du documentaire performer devant l’atroce assemblée assise et quinquagénaire de la salle Pleyel ou décoré par Jack Lang (quand on vous dit qu’il est toujours là) dans une réception petits fours et champagne – payé cette fois-ci. On aurait aimé que ce documentaire soit un peu plus punk, qu’il sente la bière et la transpiration, celle qui, avec la condensation, gouttait au plafond de l’Haçienda qui, elle au moins, a eu le mérite de couler dans le chaos le plus total à la fin des années 90. Mais on en apprend quand même beaucoup sur l’histoire du mouvement techno et on est très heureux d’écouter le sympathique Laurent Garnier, dj résident normal, nous parler musique tout en trimballant son kilomètre de vinyle à l’arrière d’un tracteur lors d’un déménagement dantesque.