LE CINEMA LES FAIT VOMIR ! Rencontre avec les phobiques des salles obscures

Ils sont issus de générations différentes, de milieux différents : la seule chose qui les relie tous, a priori, est leur aversion extrême pour le cinéma. Vomi, bouffées de chaleur, terreurs diurnes et angoisses nocturnes : les phobiques du 7e art sortent du bois.

« Une envie de fermer les yeux, mais il reste le son… »

Yann, 50 ans, journaliste

« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. J’allais au cinéma, j’aimais ça et il y a dix ans c’est devenu insoutenable. Le film qui m’a fait basculer, c’est Un prophète de Jacques Audiard. Je n’ai pu supporter ni le suspens, ni la violence et je suis carrément sorti de la salle. Peu de temps après, j’ai essayé de regarder Kill Bill chez moi. Impossible ! J’ai eu la même sensation. Ce n’est juste pas possible. J’ai arrêté à la fin de la première scène, au bout de cinq minutes. Cela se traduit par quelque chose de physique : c’est une envie de fermer les yeux mais il reste le son, il n’y a pas moyen d’y échapper, je me sens enfermé. Ce que j’ai ressenti devant Un prophète, c’était intolérable et pourtant des choses traumatisantes, j’en vois tous les jours. Je suis journaliste spécialisé dans l’agriculture, donc je vais dans les abattoirs. Ça me dérange, mais ce n’est pas insurmontable…
Depuis, pour me protéger, je ne vais plus au cinéma, ou très rarement, pour aller voir des dessins animés avec mes enfants. Cela peut être stressant mais pas intenable. Ces deux expériences fondatrices m’ont rendu extrêmement méfiant. Je ne suis pas allé au cinéma seul depuis quatre ans. Comme j’aime beaucoup Jim Jarmusch, la dernière fois c’était pour voir Paterson. J’ai flippé pendant toute la séance en me demandant comment j’allais être surpris. J’ai été en tension pendant tout le film et quand je suis sorti de là, c’était un vrai soulagement. Je ressens la même chose quand je regarde des films chez moi. J’adore Lynch, mais Mulholland Drive, la première fois, je l’ai regardé en cinq fois, j’avais besoin de faire des pauses. Alors je l’ai saucissonné comme une série pour avoir le temps de respirer. J’ai laissé passer deux ou trois jours entre chaque pause et je reprenais. Ma compagne et mes fils veulent absolument que je regarde La Liste de Schindler. C’est certainement un très bon film mais je pense que je ne pourrai pas. J’ai peur de retomber dans les mêmes tourments que devant Un prophète. Je suis encore choqué par ce film dix ans plus tard mais je ne sais pas s’il a été la clef du malaise. Avant ça, j’avais déjà ressenti des troubles, mais supportables. Comme tout le monde, je pouvais être anxieux à cause du suspens créé par le récit ou la mise en scène. J’ai regardé des Hitchcock, des Tarantino, et je ne quittais pas la salle. Les seuls films que je peux encore regarder sont des films en noir et blanc, des années 50, quand ils répondent à des schémas narratifs que je connais. Enfin, sauf La Nuit du chasseur : depuis que j’ai des enfants, quand des jeunes sont engagés dans des choses violentes, c’est aussi insupportable.
Est-ce que je n’arrive plus à faire la part des choses entre ce que je vois sur l’écran et la réalité ? Il y a peut-être un problème de distanciation, je n’y ai pas réfléchi plus que ça. Je pense que c’est en partie lié à un problème de mise à distance. Il y a deux choses : la peur de la violence et le fait de ne pas savoir ce qu’il va se passer. J’ai été diagnostiqué surdoué il y a environ dix ans, un peu au même moment que mon premier blocage cinématographique. Cela m’a permis de comprendre pourquoi j’avais parfois du mal à gérer mes émotions. Est-ce que tout est lié ? Je n’ai pas de réponse. Mais c’est chiant ! Je ne connais personne d’autre comme moi et je me sens très seul. »

« Quand tu es dans une salle de cinéma, tu ne peux pas t’échapper »

Louis* 37 ans, psychologue et psychanalyste

« “Ce n’est qu’un film.” Je n’ai jamais compris cette phrase. Si quelqu’un me dit que la personne en vrai n’est pas tuée et qu’après la prise de vue, le cadavre se relève, on s’en fout, ce n’est pas du tout la question : l’intention était là et l’œuvre d’art est une intensification de la vie. Ça n’a aucun intérêt que ça ne soit que du jeu. Quand tu refermes Madame Bovary, ça continue d’être tragique. Moi, je ne vais pas au cinéma, ou alors uniquement pour mater des bouses, des films de super-héros, des trucs très codifiés. Et je prends des gros bonbecs, du Coca et je me fais une soirée bien mainstream. Nous sommes tellement habitués à voir des films qui se ressemblent tous que quand je vois un bon film, ça me bouleverse. C’est trop émouvant et quasiment insupportable. Quand tu es dans une salle de cinéma, tu ne peux pas t’échapper. Je ne peux regarder de “vrais films” que chez moi et je mets sur pause dès qu’il y a des crescendos émotifs car j’ai envie d’en sortir, que ça s’arrête. Cette scène de Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat, qui montre une engueulade très violente d’un couple dans une voiture, c’est tellement parfait pour un film, que c’est insupportable. Je ne sais pas comment l’expliquer mieux : c’est d’une violence émotionnelle intolérable. Je dois faire des pauses pour digérer. C’est un trop plein. Avec l’habitude de voir des films faits sur le même modèle, je m’attends à ressentir tel type d’émotion, mais au moment où je suis surpris par un plan différent, tout à coup ça me ramène à ma naïveté. C’est comme si je n’y étais pas préparé du tout. D’autant plus si c’est un moment intime. Quand ça m’arrive, j’ai hyper chaud. C’est ma pudeur qui se révolte, comme si je voyais quelqu’un que je n’aurais pas dû voir à poil ou comme si moi, on me surprenait tout nu. Alors j’éteins. Dans la réalité, quand je vais marcher dehors, je ne m’arrête pas devant tous les clochards, j’ai appris à survivre dans le monde. Mais quand je décide de voir un film, j’enlève toutes mes armures, je me déshabille un peu, je baisse mon niveau de j’m’en foutisme. Et quand je suis surpris, je mets le film sur pause pour avoir le temps de me rhabiller. C’est trop fort, trop vite, alors je me casse.
Une fois qu’un film t’a bouleversé, qu’il a tout retourné sur son passage, tu ne peux plus dire : “C’est sympa le cinéma, ça me détend.” Ce n’est pas vrai. C’est un vrai mystère, pour moi, les gens qui regardent des films sans sourciller. Et je crois que plein de personnes peuvent regarder un film comme ça parce que ça ne vient pas fracturer leur représentation de la vie. Je le vois dans mon métier, c’est énorme en fait ce que ça représente d’être verrouillé. C’est eux qui n’ont pas de bol. Je crois que c’est une chance de ne pas pouvoir terminer un film. »

« Je me sens un peu violée par les films »

Alice*, 44 ans, comédienne

« De la même manière que je ne vais pas chez McDo, je ne vais pas au cinéma. Je n’irai jamais avec plaisir et n’y suis pas retournée depuis vingt ans. C’est tellement convenu et culturel. Réfléchissez-y, aimez-vous vraiment vous retrouver dans une salle de cinéma ? Déjà, je n’aime pas du tout voir la vie que je n’aurai jamais : des histoires d’amour géniales, des pays lointains. Je suis jalouse, cela me frustre et ne me fait pas rêver. En sortant je me dis, mais quelle ratée tu es… Mes copains ne comprennent pas pourquoi j’ai une culture cinématographique si pauvre, ça les choque parce que je suis comédienne. Adolescente, j’allais voir des films, mais à chaque fois que je me retrouvais enfermée dans une salle j’avais l’impression que j’étais extraite du monde et j’en sortais déprimée, je pleurais presque à chaque fois. Je n’ai jamais très bien compris pourquoi, mais je pense que c’est la combinaison de plusieurs choses. Premièrement, j’ignorais ce qu’il s’était passé pendant ce temps-là. Ça me rendait dingue de ne pas savoir quelle heure il était, si j’avais faim, froid. Il peut se passer quelque chose de grave pendant deux heures. Parfois, je pense aux gens qui ont vécu le 11-Septembre au cinéma. Quelqu’un de ta famille peut mourir, avoir un accident. Tu ne sers à rien pendant tout ce temps. J’avais peur de rater quelque chose, de ne pas pouvoir porter secours à quelqu’un ou de ne pas pouvoir me mettre en sécurité.
Ensuite, je n’aime pas du tout perdre le contrôle et j’ai une émotivité exacerbée, alors je dois me protéger. Au cinéma, le son est tellement fort, l’écran est immense, tu es violemment confrontée à la chair, complètement plongée dans l’haleine, le rythme cardiaque, les pores, les tripes… sans aucune échappatoire. C’est le but, c’est une manière de se soustraire à la réalité qui doit être une soupape extraordinaire. Mais c’est beaucoup trop violent pour moi, je perds tout recul. Par exemple, je ne peux pas regarder un enfant mourir, je risque de ne jamais m’en remettre, comme si j’avais vécu la mort de quelqu’un de proche. Je vais dire un truc très violent, mais je me sens un peu violée par les films. Ils nous manipulent. Le metteur en scène fait ce qu’il veut avec ces images pour que tu sois le plus impliqué possible dans son histoire ; il ne laisse pas le choix. Beaucoup de réalisateurs manquent d’élégance et imposent des images horribles sans que tu puisses t’en défendre. Je me sens vulnérable face à ça. C’est pour ça que j’adore le théâtre : je vois bien qu’il y a un cadre doré, les décors sont en carton, tu peux voir les coulisses. C’est l’idée brechtienne de distanciation, on garde toujours cette capacité de voir que c’est faux. Cela me va très bien, tu n’es pas trop impliqué émotionnellement, tu peux garder une capacité de réflexion. Ça me permet de rester dans ma réalité, de m’accrocher à quelque chose. »

« Je supporte les choses tristes mais pas d’avoir peur »

Malek, 27 ans, étudiant

« Dans ma vie, j’ai dû aller moins de vingt fois au cinéma, je n’ai jamais envie de regarder un film. J’ai vu The Grudge il y a longtemps, j’étais complètement effrayé. J’ai peut-être été dégoûté du cinéma à ce moment-là ; je supporte les choses tristes mais pas d’avoir peur. J’ai commencé par regarder des thrillers, des films à suspens et c’était trop stressant. Alors, j’ai décidé que je n’aimerais pas le cinéma. Les surcharges sensorielles, c’est non : je préfère voir des choses qui me stimulent moins. Je suis capable de regarder deux heures de concert sur YouTube, j’aime aussi les documentaires sur la nature et le sport extrême, mais les films ce n’est pas vraiment mon truc, c’est une corvée. Je suis content quand ça se termine. Je ne vois pas l’intérêt de rester dans une salle pendant deux heures sans bouger. Bon, quand je suis les conseils insistants de mes proches et que je regarde un film, c’est toujours une bonne expérience. Je me rends compte que c’est un peu contradictoire ce que je raconte. Par exemple, ma femme voulait que je regarde Interstellar. J’ai été affolé quand j’ai su que ça durait trois heures. Puis je me suis forcé et ça m’a plu.
Alors pourquoi je dis que je déteste le cinéma ? Il faudrait que je tente de regarder plus de films pour le savoir. J’ai commencé à y réfléchir. Peut-être suis-je têtu et que je continuerai toute mon existence à dire que je le déteste alors que ce n’est pas le cas. Au final, je suis certainement passif ou paresseux et cela me demande trop d’énergie et de réflexion. Il y a un truc en moi qui résonne, c’est cette histoire de surcharge sensorielle. Je suis introverti mais je reste sociable, j’aime consacrer de l’énergie à mes amis, être stimulé en société, mais lorsqu’une situation devient trop intense émotionnellement, je m’en vais. Mon rejet du cinéma, j’ai envie de l’explorer. C’est un sujet qui revient souvent avec mes amis qui se moquent de moi. En soirée, quand on commence à parler de cinéma, je deviens le centre de l’attention. Ce n’est pas une haine que je ressens pour le cinéma, je ne regarde simplement pas de films et les gens ne le comprennent pas. Par exemple, je ne bois pas de café et tout le monde pense que je suis fou à cause de ça. C’est un peu la même chose. »

« En sortant de Matrix 2, j’ai vomi »

Jeanne*, 41 ans, maquettiste et secrétaire de rédaction

« Je ne suis pas bien au cinéma. Impossible d’aller pisser quand je veux, de fumer, de m’échapper, il y a du monde autour de moi… Je suis prisonnière. Au cinéma, tu entres dans une maison que tu ne connais pas, tu fermes la porte et tu es obligé de rester deux heures. Ça peut être une super fête, ou pas du tout dans ton trip. En plus, c’est toute une organisation et ça me fout hors de moi de payer ma place 12 balles et qu’on me colle des pubs ! J’ai de très mauvais souvenirs de cinéma. Trop chaud, trop de son, TROP. Trop de stimulations visuelles et auditives, mais pas assez intellectuelles. En sortant de Matrix 2, j’ai vomi. Je n’en pouvais plus et j’ai eu une réaction physique de rejet. J’ai eu très chaud aussi pour Gone Girl de David Fincher. Je me faisais chier, c’était interminable, en plein hiver dans une salle chauffée à mort, bondée, j’ai dû enlever toutes mes couches de vêtements, retrousser mes chaussettes, c’était ridicule. Je me suis retrouvée sous une montagne d’habits et ça n’en finissait jamais. Je me disais : “pourvu qu’il n’y ait pas un autre rebondissement”, c’était une torture.
Je me sens aussi coupable de regarder un film car j’ai l’impression que c’est une perte de temps, c’est trop passif. L’imaginaire n’est pas là. Quand tu lis, tu peux poser ton livre, réfléchir à l’histoire, penser à ce qui t’a touché, faire une pause, revenir dessus après. Le film c’est l’autoroute de l’histoire : tu sors à la fin et tu le digères ou pas. On te mâche tout, et je ne me sens pas suffisamment nourrie. C’est comme si je mangeais un paquet de chips au lieu d’un bon repas avec du vin et du fromage… »

* Les prénoms ont été changés à leur demande

« Les cinéphobes se sentent tout petits, vulnérables, à la merci d’un écran trop grand… »

Myriam Leibovici est psychanalyste, co-organisatrice (avec Chantal Clouard) d’un colloque en 2017 sur la psychanalyse et le cinéma*. Elle pose un diagnostic précis sur un mal encore trop peu connu…

Peut-on parler de « cinéphobie » ?
Le terme est juste. Ce n’est pas qu’ils n’aiment pas le cinéma, c’est qu’ils en ont peur. C’est très étonnant pour moi de lire ces témoignages car je ne pouvais pas me figurer l’existence d’une telle phobie, que le septième art puisse être une menace. Les entretiens sont noirs, sans lumière, l’angoisse transparaît. Ils ont très peur du récit fictionnel. Cela provoque une asphyxie où l’émotionnel les empêche de penser. L’affect est tellement fort que les opérations cognitives sont bloquées. Ils n’arrivent pas à gérer ce surplus d’excitation alors ils explosent. Pour eux, la salle de cinéma est une prison, un gouffre, ils vivent ce moment comme une torture qui déclenche des manifestations d’angoisse excessives.

La majorité d’entre eux se sentent manipulés par les films. Comment l’expliquez-vous ?
Ils ne supportent pas l’emprise du film et de la salle de cinéma et voient les choses de cette façon : « Moi, réalisateur, je prends possession de toi, je t’assois sur un fauteuil et j’envahis ton psychisme par ce que je veux te montrer. Tu ne dois pas bouger mais rester là, tu es ma proie, tu dois fantasmer ce que je te donne à fantasmer. Tu ne sais pas ce qu’il va se passer, tu n’as pas l’espace de te retirer, de fermer les yeux. » Les cinéphobes, en face, s’en défendent et résistent à cette emprise. Ils se méfient de l’image et n’accueillent pas le discours qui les blesse et refusent que celui-ci entre à l’intérieur d’eux. Quand Yann ou Louis doivent mettre sur pause, la charge émotionnelle portée par l’image est trop intense alors ils découpent le film pour en reprendre la maîtrise et se l’approprier, comme ils ont l’habitude de faire chez eux, avec leurs écrans.

Le cinéma est-il particulièrement intrusif ? Ou immersif ?
Pour eux, oui, ils n’ont aucun désir de voir, d’être pénétrés par l’image et ils débordent jusqu’à ce que cela provoque des réactions violentes. Ils n’ont pas la même réaction face à un documentaire ou un concert sur YouTube ; ils peuvent mettre sur pause, en contrôler la temporalité et faire autre chose. C’est la même chose avec un livre où à travers des mots ils fabriquent des images intérieures qui leur appartiennent tandis que le cinéma les impose. Le cinéma est une séduction. Soit on est séduit dans le bon sens du terme, il nous inspire et on devient soi-même créateur. Soit on est pétrifié par l’angoisse, et le cinéma devient intrusif pouvant aller jusqu’à créer une sensation de viol comme chez Alice. Les cinéphobes se sentent tout petits, vulnérables, à la merci d’un écran trop grand, d’un son trop fort, ce qui les renvoie à une position infantile, passive. Ce qui leur semble dangereux car ils ne s’autorisent pas la régression.

Une ambiance aux antipodes de celle décrite par Ingmar Bergman : « Quand vous êtes au cinéma, vous êtes confortablement dans le noir, et en face de vous il y a un point lumineux : vous ne bougez pas, vous êtes en situation d’hypnose. C’est plus facile alors de vous montrer les rêves, la magie, la suggestion parce que votre inconscient est « ouvert ». C’est la parole du réalisateur, l’envers de ce qu’ils décrivent. C’est intéressant car il s’agit du négatif des discours cinéphobes qui se révoltent contre toute forme d’hypnose. Il y a un texte de Barthes, « En sortant du cinéma », qui parle de toutes ces émotions et sensations que nous éprouvons après avoir vu un film. Chez lui, c’est très positif ; il s’agit d’un lieu entre réalité et songe, hors du temps. C’est la situation contre laquelle nos phobiques luttent. Il faut être en éveil, tout le temps.

Et pourquoi refusent-ils de se laisser hypnotiser ?
Ils ont besoin de maîtriser la narration et ne peuvent pas se laisser aller à une intériorité. Pour eux, le monde est menaçant, malfaisant, il n’y a pas de place pour l’imaginaire. Il faut rester éveillé et sur ses gardes, concret. De plus, le plaisir n’existe plus quand la violence de la fiction s’approche trop de celle du quotidien. Il y a une confusion et ils ne savent plus faire de distinction entre l’imaginaire et le réel, ce qui provoque un vacillement intérieur insupportable.

La cinéphobie serait-elle une forme de rébellion ?
Même si c’est un peu étonnant pour moi, je me dis que ce rejet total renvoie à une forme de révolte. Cette méfiance, en négatif, on peut la voir comme quelque chose de paranoïaque, une volonté de contrôle, une grande fermeture mais on peut également la considérer comme une lutte pour garder son esprit critique, continuer à réfléchir.

*Colloque matérialisé par un ouvrage : Psychanalyse et cinéma – Du visible et du dicible, CLOUARD C., LEIBOVICI M., (sous la direction de), Hermann, collection « Colloques de Cerisy », Paris,2019.

Par Marie Courquin – Illustrations : Raphaëlle Macaron