NINJABABY de Yngvild Sve Flikke
Que se passe-t-il quand on a 23 ans, que la vie d’adulte rangée nous file des boutons et que l’on se découvre enceinte de 6 mois ? C’est le point de départ de cette dramédie norvégienne enlevée, adaptée d’une bande dessinée. Le « ninja baby », c’est le petit diablotin incrusté en animation qui incarne l’enfant à venir et qui vient semer la zizanie dans l’existence déjà bien bordélique de cette héroïne incarnée avec fougue par la très prometteuse Kristine Kujath Thorp. Elle revient sur ce projet que l’on peut voir comme un « anti-Juno ».
Vous êtes comédienne, mais aussi illustratrice. Ça vous a servi pour le film ?
Je travaille comme conceptrice de production depuis deux ans, j’adore travailler avec mes mains, j’ai toujours dessiné. Mais je ne travaille pas vraiment comme illustratrice, j’ai juste écrit un livre pour enfants que j’ai voulu illustrer. J’aimerais en faire plus à l’avenir.
On suppose que vous avez lu le roman graphique ?
Oui, ça ne ressemble pas vraiment au film en fait. Le ninja baby n’est pas vraiment dans le livre, qui se concentre surtout sur la relation entre les deux filles. Quand le directeur de casting m’a appelée pour me pitcher l’idée, je me suis dit : « C’est exactement ce que j’aime. » Donc je suis allée à la bibliothèque emprunter un exemplaire et honnêtement, je ne ris jamais à gorge déployée quand je lis quelque chose, mais là c’était le cas. Après l’avoir lu, je me suis dit que je devais absolument jouer ce rôle.
Comment vous êtes-vous préparée pour le rôle ?
Avec la réalisatrice, on a beaucoup parlé de son passé, de comment elle a atterri là, ce qu’elle voulait dans la vie… J’ai beaucoup travaillé sur le personnage chez moi et dans la rue. J’ai essayé différentes manières de marcher, par exemple. Comment elle boit, comment elle bouge ses mains aussi… C’était comme une évidence quand j’ai enfilé les costumes, les vêtements très larges, les chaussures… Tout ça a vraiment aidé à trouver sa posture et sa manière de parler.
Comment s’est passé le tournage avec le ninja baby qui, forcément n’apparaît pas sur le plateau ?
C’était un vrai challenge, je n’avais jamais travaillé avec de l’animation auparavant. On avait mis des points sur le sol, pour que je sache où regarder et un autre acteur avait une oreillette pour me donner ses répliques. Du coup, je devais imaginer le ninja baby dans la pièce, tout en ayant sa voix dans ma tête… C’était compliqué car il y a aussi des scènes chargées en émotions. À ce moment-là, je ne savais même pas à quoi le ninja baby allait ressembler donc je devais vraiment me concentrer et essayer de construire le personnage dans ma tête.
Qu’est-ce qui était le plus compliqué pour vous en plateau ?
Au début, on a essayé un faux ventre, mais dès que tu commences à bouger, ça ne fonctionne plus, donc je devais boire des litres d’eau avant de tourner pour le gonfler. J’ai tourné toutes les scènes nue ou presque nue comme ça, parce qu’il fallait qu’on voie un peu son ventre de femme enceinte même s’il n’était pas très gros. Résultat, les scènes de sexe étaient encore plus difficiles. C’était douloureux, j’avais besoin d’aller aux toilettes et je suppliais le réalisateur de finir la scène pour que je puisse enfin y aller…
Il y a eu des réactions hostiles en Norvège ? Surtout du côté des conservateurs… On n’a pas vraiment eu de réactions négatives en Norvège, parce que le pays est très libéral là-dessus, il n’y a pas vraiment de tabou. C’était plutôt en Asie et aux États-Unis que c’était compliqué. Mais c’était aussi hyper touchant car des femmes venaient me voir en pleurant, en racontant leur histoire.