WHEN THE LIGHT BREAKS de Rúnar Rúnarsson

En ouverture d’Un Certain Regard, le film Islandais When The light Break encapsule les 24 heures suivant l’annonce d’une mort tragique, au sein d’un groupe d’étudiants. Sublime et salvateur. Par Marine Bohin.

Una et Diddi se sont connus à la fac et se fréquentent en secret. Diddi est officiellement dans une relation à distance avec Klara, mais il compte la quitter. Une grave explosion dans un tunnel lui enlève la vie et laisse l’adultère en suspens. Dévastée par la nouvelle, Una doit faire face à Klara, qu’elle rencontre pour la première fois et qui ignore tout de son statut d’amante. Les non-dits, les doutes et les souvenirs vont jalonner cette première journée de deuil.

Ici, tout est affaire de lumière. De celle que Runar Runarsson filme sur l’eau, de la lumière qui semble disparaître quand la mort surgit, mais aussi de celle qui renaît quand on continue malgré tout à manger, danser et à boire des shots. Le réalisateur, dont c’est le cinquième long-métrage, décortique les heures qui suivent le décès de Diddi, filme ce groupe d’amis en errance au travers de plans larges dans lesquels ils semblent perdus, puis capture la peine infinie, mais retenue de son héroïne dans une multitude de cadrages resserrés sur son visage. Il faut d’ailleurs saluer la puissance du jeu de la comédienne Elin Hall, sorte de Jean Seberg éthérée, qui interprète Una avec force dans un film où la majeure partie des émotions passe par le non-verbal.

Sororité salvatrice
Tétanisée par une situation qui lui interdit de montrer toute l’étendue de son chagrin, Una serait tentée de laisser gagner la colère et de révéler son secret à sa rivale et à ses amis. Mais, d’abord rétive aux tentative de Klara de créer des liens avec elle, elle finira par se laisser aller à une sororité salvatrice. La réalisation, plutôt classique de prime abord, émaille peu à peu le drame de moments gracieux, voire bouleversants : cette scène où Una apprend à Klara à « voler », ou cette scène de danse en groupe où chacun expulse sa peine avec rage – Runarsson transformant ce qui pourrait être un pur cliché de cinéma d’auteur en un instant déchirant. Certes, le cinéaste ne résiste pas à la tentation de faire parfois un peu trop durer ses plan, mais l’esthétique de la tristesse qu’il déploie fait toujours sens. Un film qui rappelle que la vie se fraye toujours un chemin et qui, à l’image de son plan final sur un soleil en fin de course, tend inexorablement vers la lumière.

When the lights breaks (Un Certain Regard), en salles le 18 décembre.