10 PEPITES À VOIR À LA REOUVERTURE DES SALLES !

Enfin, on y arrive : les salles réouvrent le 19 mai et c’est l’embouteillage. Alors, pour vous y retrouver, voilà une sélection au cordeau de dix films à ne pas rater.

19 mai : MANDIBULES de Quentin Dupieux

Les deux pitres du Palmashow (Grégoire Ludig et David Marsais) se retrouvent aux prises avec une mouche géante qu’ils tentent de dompter.

Lorsqu’ils découvrent une mouche géante dans le coffre d’une vieille Mercedes, les deux héros tendrement stupides de la nouvelle comédie de Quentin Dupieux décident de lui apprendre à braquer des banques pour toucher un pognon de dingue sans prendre de risques. Un projet tout à fait normal dans l’univers détraqué du cinéaste qui, dix ans après avoir mis en scène un pneu serial killer dans Rubber, parvient à donner une âme à une grosse marionnette, mélange de latex, de poils et d’infographie numérique de pointe. Une comédie à mi-chemin entre le cérébral et le franchement débile qui fait mouche.

→ Lire notre entretien avec Quentin Dupieux.

26 mai : SI LE VENT TOMBE de Nora Martirosyan

Sélectionné à l’ACID & labellisé « sélection officielle Cannes 2020 », la présentation de Si le vent tombe en avant-première a coïncidé avec l’explosion du conflit en Haut-Karabagh (Azerbaïdjan), où se déroule le film. 

Le 27 septembre 2020, les affrontements avaient déjà fait plus de 1000 morts côté arménien. Le film est donc devenu malgré lui un document historique, taillant une cartographie au scalpel d’un territoire menacé. Nous avons discuté avec la réalisatrice Nora Martirosyan de cette situation intense, de son tournage sur la brèche et de la façon dont le film résonne désormais dans le pays.

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26 mai : IL MIO CORPO de Michele Pennetta

Loin des images de cartes postales et du Parrain, Il Mio Corpo hybride documentaire et fiction pour révéler une Sicile fantôme, peuplée de marginaux et de naufragés de la société.

Les mauvais guides de voyage appellent ça une “terre de contraste » : derrière la beauté de ses étendues ensoleillées, la Sicile abrite une immense misère. À travers les destins d’un adolescent coiffé comme un footballeur qui écume les décharges de ferraille avec son père et d’un réfugié Nigérian qui survit en travaillant pour le curé d’un village, le documentariste transalpin Michele Pennetta filme ce que la société de consommation laisse derrière elle : des déchets et des migrants abandonnés à leur sort.

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26 mai : VERS LA BATAILLE de Aurélien Vernhes-Lermusiaux

Pour son premier long-métrage, Aurélien Vernhes-Lermusiaux signe un film en costumes doublé d’une expérience mystique comme on en voit rarement dans le cinéma français.

Vers 1860, un photographe – incarné par un Malik Zidi possédé – réussit à convaincre un général de l’armée française de l’envoyer au Mexique pour prendre des clichés de la guerre coloniale qui y fait rage. Perdu entre les lignes de front, à la merci d’officiels qui déjà fabriquent des fake news, il se retrouve confronté à la mort qui rôde et aux fantômes de son passé. Un parcours initiatique au cœur des ténèbres qui convoque Aguirre, Apocalypse Now et le cinéma de Tarkovski.

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2 juin : PLAYLIST de Nine Antico

L’autrice de bande dessinée Nine Antico se lance dans la réalisation et filme Sara Forestier en jeune trentenaire aussi paumée dans sa vie qu’au sein du petit milieu artistique parisien.

La bande-son du film a beau répéter que “le véritable amour finit bien par vous tomber dessus”, Sophie, 30 ans, commence sérieusement à avoir des doutes. Sur le plan professionnel, c’est tout aussi bancal. Mais qu’importe, d’aventures en aventures, Sophie fonce, prend des portes dans la figure et se relève sans se demander si on la regarde. Nine Antico l’affirme : Playlist n’est pas un film féministe, c’est tout simplement un film de femme libre, qui ne demande pas l’autorisation, quitte à prendre quelques coups… et à en donner un peu.

9 juin : THE LAST HILLBILLY DE T. Jenkoe et D. S. Bouzgarrou

Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe dressent le portrait crépusculaire des hillbillies, ces “péquenauds des collines” qui habitent les terres désolées de l’Est du Kentucky.

Lorsqu’il rencontre un couple de réalisateurs français dans un diner perdu au milieu du Kentucky, le local Brian Ritchie commence par se demander “ce qu’ils foutent là”, au milieu des pauvres, des racistes et des consanguins raillés par le reste des américains. La discussion s’installe et Brian accepte de livrer pendant 7 longues années son témoignage lucide sur ce territoire en déclin. Le “dernier des hillbillies” nous embarque alors dans un voyage captivant où se croisent des clans familiaux autosuffisants, les premiers colons américains, Donald Trump et des jeunes qui partent pour ne jamais revenir.

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16 juin : LES 2 ALFRED de Bruno Podalydès

Les frères Podalydès embarquent Sandrine Kiberlain dans une satire hilarante de la start-up nation et de notre société hyperconnectée.

Alexandre, quinquagénaire déclassé, est forcé de cacher sa paternité pour garder son job au sein d’une start-up “friendly” qui prône le “no child” dans ses “process”. Derrière les anglicismes pédants et les trouvailles technologiques ridicules, Bruno Podalydès se paye notre société contemporaine déshumanisante tout en filmant avec beaucoup d’autodérision et de poésie une génération de boomers complètement dépassée, à l’image de la géniale Sandrine Kiberlain, au bord de la crise de nerfs lorsque sa voiture autonome refuse de la reconnaître.

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16 juin : 143, RUE DU DÉSERT de Hassen Ferhani

Au beau milieu du Sahara, une surprenante Algérienne de 74 ans écoute et conseille comme une mère les voyageurs venus s’attarder dans sa buvette.

Lancé sur la Transsaharienne avec l’envie de filmer un road-trip, le réalisateur algérien Hassen Ferhani a finalement décidé de poser sa caméra dans une buvette échouée en plein désert, à 900 km au sud d’Alger. Entre les murs de ce 20m2, Malika accueille des camionneurs, des voyageurs, des militaires et même des imams qui partagent leurs histoires le temps d’un café ou d’une omelette. Jamais un huis-clos n’aura semblé autant ouvert sur le monde et sur l’Algérie, alors à l’aube d’une longue série de manifestations contre son régime.

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16 juin : IL N’Y AURA PLUS DE NUIT de Eléonore Weber

Éléonore Weber dévoile une suite d’images angoissantes enregistrées par les caméras thermiques des armées française et américaine au Moyen-Orient. Voyage aux confins d’une humanité en perdition sur le front d’une guerre digitalisée.

On les croirait sorties de Call Of Duty mais ces images thermographiques enregistrées par hélicoptère et par drone sont bien réelles. Mis en ligne sur YouTube par des soldats qui n’ont plus rien d’héroïque, elles révèlent la perversité de démiurges qui traquent sans être vus et abattent sans entendre. Si elles ressemblent déjà à des fantômes, comment être sûrs que ces silhouettes lointaines sont bien hostiles ? Ces images préfigurent-elles une société où nous serons entièrement livrés aux caméras et à la surveillance des drones ? Un spectacle effrayant qui démontre un peu plus l’absurdité de nos guerres modernes.

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23 juin : MINARI de Lee Isaac Chung

Alors que Joe Biden tente par tous les moyens de rendre sa superbe aux États-Unis, le cinéaste Lee Isaac Chung vient lui prêter main-forte en proposant sa version autobiographique du rêve américain.

Au début des années 80, une famille américano-coréenne quitte la Californie pour s’installer dans un petit corps de ferme en Arkansas. En bons néo-ruraux, ces derniers tentent d’introduire dans les assiettes des légumes méconnus – comme le “minari”, qui donne son titre au film – mais ne parviennent pas à les cultiver. Tandis que la famille se déchire, l’apparition d’une grand-mère facétieuse venue de Corée va bouleverser la situation. Une histoire salvatrice, Grand Prix du jury et Prix du Public au festival de Sundance et multi-nommée aux Oscars.